Si les Thraces - qui occupaient un vaste territoire entre le Danube, la Mer Noire et la Mer Egée- furent les premiers habitants du sol bulgare vers les Vème et VIème siècles av.J.C., les Bulgares actuels descendent des Slaves (cf.invasion des tribus slaves originaires de Pologne orientale et de Biélorussie aux Vème et VIème siècles ap.J.C.Au VIIème siècle , ceux-ci franchirent le Danube et pénétrèrent en Péloponnèse, Mizya, Thrace et Macédoine). Les Slaves constituaient le plus grand nombre et fusionnèrent avec les Thraces . Les Protobulgares - peuple turcophone nomade venu des steppes du nord de la Mer Noire qui s’installa en Dobroudja dans la deuxième moitié du VIIème siècle ap.J.C. - s’assimilèrent, à leur tour, aux tribus locales. Leur chef, le Khan Asparuh, après s’être imposé aux armées de l’Empereur byzantin Constantin IV, obtint de ce dernier, par un traité de paix signé en 681, la reconnaissance officielle de l’Etat qu’il venait de créer, la Bulgarie. De tous les Etats existant sur le continent européen en 681, seule la Bulgarie a conservé le nom qu’elle avait reçu à ses origines. Elle était également le premier Etat slave. Quelque 150 ans plus tard , l’Etat bulgare englobait les territoires de la totalité de la péninsule des Balkans (sauf les régions méridionales de la Grèce d’aujourd’hui), terres peuplées essentiellement de Slaves.
Chaque groupe a laissé de fortes empreintes culturelles.
On suppose que les Slaves assimilèrent et développèrent
certains rites thraces d’origine païenne comme la fête de
printemps "Rossalya" devenue "russaliïskite
igri" (Entre le 31 mai et le 6 juin, les Russali
qui étaient des hommes jeunes mariés constituaient des groupes
en nombre impair attendus dans chaque maison pour apporter santé ,
fertilité , guérir les malades par des danses spécifiques)
et "kukerski igri" (le 23 février et durant
toute la semaine avaient lieu dans l’est et le sud de la Bulgarie des
défilés de jeunes gens masqués et déguisés
avec des peaux de bêtes, des vêtements féminins et des
cloches à leur ceinture.Ceux-ci allaient de maison en maison pour souhaiter
santé, fertilité et chasser les mauvais esprits) ; mais encore
la fête estivale "Eniovden" (le 24 juin ,
la Saint Jean-Baptiste est une date marquante du calendrier mythologique des
peuples anciens liée au solstice d’été), "Nestinarski
igri" (le 21 mai les Nestinari de la région de Strandja
dansent sur la braise en l’honneur des Saints Constantin et Héléna).
On suppose que les Thraces ont également légué les rythmes
asymétriques très nombreux dans la musique et la danse bulgares.
L’influence thrace fut particulièrement forte dans le domaine
des croyances ; les Slaves leur empruntèrent le culte et l’adoration
de certains dieux grecs et romains. Grâce aux Thraces, les Slaves adoptèrent
des techniques développées par les Grecs.
Quant aux Protobulgares, progressivement assimilés par les Slaves ,
ils ne laissèrent au peuple bulgare que leur nom, quelques éléments
linguistiques ainsi que des groupes ethniques bulgares comme les "Gagauzi",
les "Kapantsi", les "Hartsoi".
Mais ce sont les Slaves qui apportèrent le plus au peuple et à
la culture bulgares : traditions, rites, musique, danse, éléments
linguistiques.
Comme tous les arts, la danse reflète la réalité à travers des représentations ou images artistiques.La beauté de ces représentations est relative à leur contenu et cette beauté est liée à la capacité de la danse à rendre de façon condensée les plus beaux éléments caractéristiques de la culture d’un peuple.
Le thème en danse le plus vaste à travers toutes les époques reste l’homme et ce qui l’entoure. La danse populaire bulgare a toujours occupé une place très importante dans la vie du peuple bulgare. Aujourd’hui encore, on observe nombre de rassemblements autour de la danse traditionnelle en Bulgarie (fêtes locales,nationales,concours…).
Malgré cinq siècles d’occupation ottomane (cf.1393 : prise de Tirnovo ancienne capitale bulgare par les Turcs - 1878 : traité de San Stéfano, restauration de l’Etat bulgare), la culture bulgare, l’écriture, la danse n’ont cessé de se développer et ont trouvé leur place dans les monastères qui étaient les seuls endroits où les Bulgares pouvaient communiquer et danser en toute tranquillité. Chaque événement social, coutume ou travail se terminait par la danse, en général des rondes chantées. Tous participaient. Chacun se surpassait afin d’enrichir la danse avec ses nouveautés personnelles. Les meilleurs danseurs gagnaient alors le respect et la considération de toute la communauté villageoise. On dit que "le Bulgare participait à la ronde avec le plus grand dévouement". La danse avait par ailleurs une fonction sociale d’équité, les couches les plus pauvres dansant avec les plus aisées.
Des fresques découvertes dans les monastères de Véliko-Tarnovo,
Rila et Arbanassi représentant des
Horos ou rondes, rappellent l’origine ancienne de la
danse populaire bulgare. Les récits de voyageurs décrivent des
jeunes gens se réunissant après la messe pour chanter et danser
comme à Strumitsa en 1325 /1326.
Esprit Cousinéris, Consul français en Bulgarie,
écrit à la fin du XVIIIème siècle que "les
Femmes bulgares ne dansent jamais mêlées aux hommes". Auguste
Dusont, Consul en Macédoine, décrit quant à
lui l’exceptionnelle richesse des costumes bulgares.
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Marin Lenglet : 3 rue des Hirondelles 67116 Reichstett
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Introduction à la danse bulgare / Repères historiques