Chaque région ethnographique a son propre style qui
se soumet à des particularités
régionales bien définies et peut se subdiviser en sous-régions.
Chaque composante
du peuple assimile et transforme ou remodèle les danses de ses ancêtres
en
conservant souvent des éléments spécifiques et caractéristiques
de la danse
primitive issue des civilisations anciennes.
Ainsi les bulgares du nord-ouest (Mizia) dansent-ils
avec un tremblement permanent
(strichane) dans tout le corps, perceptible surtout au niveau des
épaules.
Cette particularité essentielle leur a été léguée
par les premières tribus installées sur les
berges du Danube.
Les danses du nord mêlent des éléments des cultures thrace,
slave et d’autres
tribus assimilées. Sont caractéristiques la mixité fréquente
des danses, les danses en
ligne droite dites lesi, la coordination des mouvements exécutés
simultanément avec
les bras et les jambes ainsi que des tempos souvent rapides.
Les danseurs dansent avec légèreté des combinaisons de
pas très sautillées.
Si ce sont les gestes de tous les jours qui nourrissent
la danse traditionnelle,
c’est le rapport à la terre, fertile ou ingrate,
le climat, qui déterminent progressivement le
style et le caractère des danses propres aux différentes régions.
Par exemple, les paysans de
Dobroudja (le grenier à blé de la Bulgarie depuis la Libération
en 1878 et l’arrivée de Bulgares
de Mizya, Thrace, Choplouk) dansent en flexion presque exagérée
et permanente toujours en
contact avec la terre qui devient un élément primordial : on
danse vers elle, avec elle, pour elle
comme pour la remercier des récoltes abondantes. Les danses des paysans
de Dobroudja
reflètent les travaux des champs, imitent les Dobroudjantsi
semant et portant les lourds sacs
de blé (tchouval). Ces derniers dansaient à
plat avec une forte tension dans les jambes, des
mouvements de bras très amples et faisaient de grandes fêtes
après les récoltes au cours
desquelles les meilleurs danseurs exécutaient le ratshénik,
danse concentrant tous les
mouvements rappelant les travaux des champs.
En Thrace également, en raison de
sa vaste plaine fertile, de nombreux mouvements sont dirigés
vers la terre (notamment la ratshenitsa), en particulier
dans les danses masculines, ce qui montre
le lien très fort qui unissait le Bulgare à celle-ci. Le fait
de danser en position légèrement fléchie,
caractéristique pour l’ensemble des danses bulgares, est particulièrement
visible dans les danses
thraces, lesquelles s’accompagnent également de mouvements de
bras et de mains exécutés
avec fluidité et amplitude. Lorsque les Thraces dansaient tropoli
(frappé spécifique à cette
région ethnographique), on disait qu’ "ils discutaient avec
la terre". Si danses en chaîne et
combinaisons de pas prédominent en Thrace comme dans les autres régions,
on rencontre également quelques danses en couple-face à face
comme dans les différentes variantes de la ratshenitsa
ou de kasamska - ainsi que des danses individuelles - principalement
lors des noces, occasion de montrer à l’ensemble de la communauté
sa maîtrise de la danse, son art de l’improvisation.
Dans la région de Sofia, les conditions naturelles étant si peu favorables (voire dangereuses) aux groupes humains, il a fallu aux paysans Chopes beaucoup de courage, de force de caractère et d’organisation pour pouvoir subsister dans une nature hostile.Cette relation à la terre est très nette dans leurs danses : ils se battent avec elle, la frappent ou l’évitent. Leurs danses rapides et difficiles correspondent au caractère très dur et au sentiment d’être les meilleurs qu’ils ont développés dans un environnement hostile au sol ingrat, au climat rigoureux et au paysage montagneux. Les danses chopes requièrent énergie, vélocité, technique. Comme au nord on danse avec des tremblements permanents dans tout le corps appelés ici natrisane.
En Pirin / Macédoine (Pétritch, Sandanski,
Blagoevgrad), sud-ouest du pays, on ne dansait pas systématiquement
à plat comme dans les autres régions, mais presque sur la demie-pointe.
Les danseurs exécutaient des mouvements amples, lents et leurs danses
comportaient souvent des pauses, en particulier les danses masculines. Est
caractéristique le pas de spusak que l’on rencontre
uniquement dans cette région, effectué avec plus d’amplitude
par les hommes. Les bras sont tenus très haut. La zourna,
(sorte de bombarde aux sonorités aigues), la tamboura
(mandoline bulgare) et le tapan (tambour) accompagnent les
danseurs. Les rythmes 8/8 et 10/8 sont particulièrement
répandus dans cette région. Les danses les plus spécifiques
en Pirin sont celles des Roussalii. Les
Roussalii étaient des groupes constitués d’une
dizaine (ou vingtaine) d’hommes qui se réunissaient dans les
maisons ou sur la place du village pour danser autour des malades (en cercle)
afin de les soigner. D’autres danses étaient destinées
aux bonnes récoltes. Tandis que les Roussalii dansaient,
leur chef, le vataf, entonnait une litanie à voix
basse, grâce à laquelle il était censé communiquer
avec les esprits malveillants et les exorciser.
Les Roussalii avaient des règles de vie bien précises
: leurs rassemblements pour Noël ne devaient avoir lieu qu’après
le coucher du soleil, et leur départ avant le lever du soleil. Il leur
était interdit de marcher ou de nager dans les rivières. Les
Roussalii dansaient toujours avec un sabre dans la main, au son du kaval (flûte),
de la gaïda (cornemuse) et du tapan (tambour). Lorsqu’un groupe
de Roussalii rencontrait un autre groupe, l’un d’eux devait s’incliner
devant l’autre. Si aucun des deux groupes ne reconnaissait être
plus fort que l’autre, ils se battaient jusqu’à la mort.
On enterrait les Roussalii à l’endroit même où ils
mouraient car ils n’avaient pas le droit d’être
enterrés dans les cimetières.
Quant aux Rhodopes, chaîne montagneuse située au sud-ouest de la Thrace, c’est une région ethnographique dans laquelle on privilégie le chant à la danse. Les danses ont des structures chorégraphiques très simples ( petits pas de faible amplitude, mouvements accentués vers la terre comme dans svornato horo 2/4) et sont pratiquement toujours accompagnées de chants. Les voix exceptionnelles des chanteuses et des chanteurs (dans les Rhodopes, les hommes chantent plus que dans les autres régions ethnographiques) accompagnées par la kaba-gaïda (cornemuse basse), reflètent la beauté des monts et des vallées des Rhodopes.
La Bulgarie compte des dizaines de milliers de danses puisque chaque localité a élaboré son répertoire à partir de l’héritage culturel ancestral et de sa propre empreinte. Il existe tout de même dans chaque région des danses spécifiques représentatives dont découlent de nombreuses variantes : trite pati, pravo horo, izpaïtshe, raka, ratshenitsa, tshetvorno, ïove, arap…
Ces danses et bien d’autres sont incontournables et s’exécutent de mille façons, or ce n’est pas tant la structure de la danse qui importe mais la manière de la danser "à la Thrace, à la Chopska, à la Severnyashka,à la Pirinska ou encore à la Dobroudjanska…"
Alors Venez découvrir les danses bulgares et rejoignez-nous !
Introduction à la danse bulgare / Régions ethnographiques